Une fois n’est pas coutume je vais parler un peu de mon passé pour éclairer la forme que mon futur est en train de prendre.
J’ai passé mes plus tendres années à rêver de ciel et d’avions. Le rêve de voler s’est emparé de moi et m’a habité longtemps. Et ma mère en est témoin: ma chambre d’adolescent était remplie de maquettes sur lesquelles je passais des heures à minutieusement peaufiner le moindre détail.
Ce rêve de gosse a pris une place énorme dans ma vie puisqu’après cinq années d’études en aéronautique, un diplôme d’ingénieur et un DEA avec une spécialisation en aérodynamique, combustion et thermique en poche, j’ai passé vingt années à travailler dans l’industrie à donner corps à ce rêve.
Cette vie je ne la regrette pas: elle m’a permis de tutoyer l’A380 sur lequel j’ai travaillé 8 années durant, de la phase de développement à la résolution de problèmes une fois l’avion mis en service. J’ai eu la chance de vivre un atterrissage dans le poste de pilotage alors que ce mastodonte effectuait encore ses essais en vol avant la certification. C’est une vie qui m’a également permis de travailler sur l’ATR, un avion de transport régional à hélice et de me retrouver propulsé du jour au lendemain de l’autre côté du globe pour intervenir sur le site du crash d’un de ces avions. Mon rôle était d’apporter une expertise sur les moteurs et les systèmes d’air afin de permettre aux enquêteurs en charge d’avancer dans les investigations pour identifier les causes de l’accident.
C’est une vie qui m’a également donné l’occasion de traîner mes guêtres aux quatre coins du globe. J’ai eu la chance de vivre quelques mois en Allemagne, d’effectuer mon projet de fin d’études aux Etats-Unis, j’ai caressé des yeux des paysages magiques au Canada, à Trinidad et Tobago, en Bolivie, tout au nord de la Scandinavie, au Liban… J’ai pu enfourcher mon vélo et partir à travers l’ouest de l’Irlande, rallier à la force des mollets Toulouse à Gibraltar, fouler de la sculpture des pneus de mon biclou les pistes du Kirghizistan dans les contreforts de l’Himalaya… Et je ne parle pas de ces années passées dans les Pyrénées en rando et en ski de rando, à crapahuter dans des paysages majestueux et faire la course avec les isards (ce sont les marmottes qui tenaient le chronomètre, pardi!)… Et puis, ce n’est pas rien, cette vie m’a permis paradoxalement de travailler le bois et même, comble de la technologie moderne, de le travailler à la main!
Il y a quelques mois, j’ai pris la décision de quitter le monde de l’aéronautique et tout le confort qui l’accompagne pour embrasser une vie plus juste, une vie plus dure, certes, mais une vie plus tangible, une vie plus solide comme dirait Arthur Lochmann, où le travail de mes mains est plus en accord avec mes convictions et où il tient une place prépondérante pour devenir mon moyen de subsistance.
Alors oui je change radicalement de paradigme: quand je me lève le matin, le travail que j’abats dans la journée va venir faire grandir cette activité noble qui consiste à travailler le bois et fabriquer des meubles durables à partir de bois massif dans lesquels les gens vont s’asseoir, autour desquels ils vont manger et dans lesquels ils vont dormir. Ce travail permettra de réaliser des meubles toujours plus beaux et d’enrichir toujours plus les ateliers que je dispense sur les techniques du travail du bois à la main.
Parce qu’aujourd’hui est un jour à marquer d’une pierre blanche: une étape importante est franchie dans la concrétisation de ce changement de vie par la mise en ligne du site internet de cette activité autour du travail du bois.
Le site lamanufactureatelierbois.fr est aujourd’hui la vitrine de cette activité.
Le site s’enrichira des réalisations d’une part et des enseignements proposées dans un cadre de loisir adulte autour du travail du bois à la main d’autre part. Attention, quand je parle d’enseignement loisir adulte, je parle là du type de formation. Demandez-donc aux élèves qui s’y sont déjà frottés, on ne s’y tourne pas les pouces: c’est dense, c’est velu mais c’est passionnant (les prochaines sessions sont déjà programmées).
Le site est couplé à un blog qui permettra d’annoncer les nouvelles réalisations, les nouveautés dans les ateliers et les nouvelles sessions d’ateliers. Vous pouvez même vous y abonner si vous ne souhaitez manquer aucun des copeaux qui sont produits par la manufacture!
Quid de T2woodworks et T2woodworksplus alors? J’en vois déjà qui se demandent si ces deux blogs qui me (et vous) sont chers ne vont pas disparaître…
Eh bien, je doute que ce soit le cas!
Parce que T2WoodWorks et T2WoodWorksPlus, c’est l’espace où l’on se tire les bières du frigo et on rapproche les chaises de la table pour parler sans chichis du travail du bois à la main, c’est la back room où les ragots et autres racontars circulent et s’échangent, il s’agit de l’endroit où l’on n’a pas besoin de se formaliser: c’est comme au Mac Do, on y vient comme on est. Un endroit où personne ne juge et où l’on peut faire des calembours foireux sur le travail du bois sans que des rires pincés, grinçants et hautins ne viennent poser une chape de plomb sur l’ambiance pourtant chaleureuse qu’on avait réussi à construire ensemble (« Je ponce donc je scie » -Pascal Dubois… Pardon, ça m’a échappé!).
Donc non, il y a peu de chances pour que ces deux blogs disparaissent et je suis convaincu qu’il reste encore de beaux jours devant eux!